PASSAGE 21
À LA QUÊTE DES SOMMETS, POUR SORTIR DES PROFONDEURS
Les vertus du sport ne sont plus à démontrer. Il est bon pour le corps de bouger. Il est sain de vouloir s’améliorer. Il est enivrant d’atteindre les objectifs fixés. Il est motivant de se sentir plus performant. Sans compter les bénéfices d’estime, de confiance, de fierté, de santé qui en découlent.
Le plaisir doit toujours être présent, car sans lui, toute bonne chose peut devenir un enfermement.
Il peut parfois arriver que quelque chose bascule. Qu’un besoin de performer écrase le plaisir, que le plaisir n’est qu’à la pensée de performer. Quand le plaisir devient un besoin excessif de surpassement, il révèle des motivations plus personnelles, des motivations de compensation. Compenser par la performance une dépréciation de soi…
Le sport est toujours sain, les motivations profondes peut-être pas. On s’habitue aux performances, elles ne réussissent plus à combler avec autant de satisfaction. Elle s’effrite le temps d’une vie de papillon et on cherche les ailes d’un nouveau sommet. On cherche des défis qui redonneront cette récompense personnelle tant convoitée. Ce regard accompli de soi à soi.
Toujours plus loin, toujours plus haut. Mais les montagnes ne grandissent pas et les routes finissent toujours par nous ramener au point de départ. Mais cette quête de soi, elle, est infinie.
Fondamentalement, l’Homme cherche à être bien. Il veut s’élever, il est en quête de lumière, du soleil qui brille au-dessus des nuages au sommet des montagnes. Mais ce soleil peut aussi attirer l’attention sur notre ombre qui malgré sa petitesse face à l’immensité prend toute la place.
La montagne. On la regarde, on lui parle, on examine ses moindres passages, on se prépare, on la défit. On veut la vaincre.
Mais, est-ce vraiment à la montagne que l’on s’adresse… Ou ne fait-elle pas figure de nous-même… Une symbolique de nos rochers intérieurs qui nous paraissent des montagnes. Qui nous prennent notre énergie, nous épuisent, nous font peur, nous mettent en doute, nous freinent, nous obligent à prendre des chemins ou à rester sur ceux que nous voudrions quitter. Jour après jour, pas après pas.
On s’adresse à la montagne comme si c’était quelqu’un d’extérieur à soi. On se dresse devant la montagne, afin de faire valoir notre moi. Mais, illusion… Elle est moi. L’épreuve ultime que délibérément j’ai choisi d’affronter. La différence est que je ne peux plus me fuir, fermer les yeux sur mes peurs, car son immensité m’empêche de me défiler . Je dois y faire face, faire face à moi-même.
La montagne me fait écho de mes pensées, de mes émotions. Elle met le volume au maximum de mes voix intérieures pour me montrer la voie. Elle ne me renvoie pas ce que je lui dis, mais me révèle qui je suis. Seule son immuable immensité a la capacité de créer ce pouvoir de vérité.
Alors devant la montagne, j’ai peur. Pas d’elle. De moi.
Je la marche. Je la cours. Je veux atteindre le sommet. Je veux me sentir grand. Je veux me sentir puissant. Je veux rapetisser la montagne, la ramener à dimension d’homme. Reprendre le pouvoir sur mes peurs. Me sortir de mes profondeurs.
Brigitte Levesque 514-369-1359
anxiete-stress.com
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