Une pierre deux coups…
Je me souviendrai toute ma vie de cette intervention particulièrement spéciale. Spéciale parce que dans cette première année de pratique, c’était la première fois que je travaillais avec une femme enceinte, spéciale, à cause d’un phénomène de claire-audience qui s’est manifesté en moi, et spéciale de par ce que cette intervention m’a fait vivre.
Un vendredi après-midi, 14:00, dernière cliente de la semaine. Une jeune femme entre dans mon bureau, l’air timide. Elle est enceinte de 7 mois. À prime abord, elle me fait part de la problématique qui l’amène à consulter. Pendant tout ce temps, elle regarde par terre lorsqu’elle me parle. J’observe et une question me vient: » comment, ça va avec la venue de ton bébé ? » Là, pour la première fois, elle me regarde. Et le tout s’enchaine à une vitesse grand V.
Âgée de 5 ans, sa mère épileptique fit une attaque grave dont elle ne put se remettre. Malgré le meilleur que son père pouvait lui donner, l’affection de sa mère lui manquait énormément. Cette carence affective jouait beaucoup sur sa confiance et sa croyance en ses qualités de mère puisqu’elle n’avait pas eu de modèle, et ce drame subit l’affectait dans sa sécurité parce qu’elle avait peur qu’un événement tragique lui arrive, et de ce fait, faire vivre à son petit garçon l’abandon qu’elle-même avait vécu. Donc, elle vivait beaucoup d’anxiété face à la venue de son fils, dû à cet événement tragique.
Rapidement, par des techniques appropriées, nous sommes retournées à cet événement pour en faire la réparation. Une fois la subjectivité imprégnée de cette expérience transformée, elle se retrouvait dans un état de ressources où elle avait le pouvoir d’influer sur son état présent et son avenir. De cet espace-temps, à 5 ans, nous devions remonter jusqu’à présent pour y apporter toutes les transformations vécues. De là m’est venu l’idée d’offrir en même temps toutes ces transformations à son fils lors de la remontée vers le présent. Je lui ai suggéré d’imaginer qu’elle tenait la ficelle d’un ballon qui flottait juste au-dessus d’elle, symbolisant son fils.
Une fois au présent, afin de vérifier si tous ces changements sont bien intégrés, je lui fais faire un pont vers le futur.
Elle se projette alors dans 2 ans et elle se voit avec son fils par la main, calme, confiante et souriante. Comme elle est encore dans un état altéré, les yeux fermés, je la guide pour qu’elle s’assoie, afin qu’elle puisse revenir à elle tout doucement. Je suis assise tout à côté et c’est à cet instant que j’entends, aussi clair que je pouvais entendre sa voix, trois éclats de rire d’enfant sortant comme du ventre et présent dans tout l’espace à la fois. Doutant de ce que je viens d’entendre et certaine aussi à la fois, je suis totalement abasourdie par ce phénomène et l’intensité de cette expérience.
Quelques minutes plus tard, la jeune femme s’apprête à sortir du bureau et me jette un dernier regard, tenant la poignée de porte, et me dit: » je ne sais pas ce que tu nous as fait, mais nous ne serons plus jamais pareils’’.
Faut que je sois parfait(e)…
»À la suite d’un arrêt de travail pour épuisement professionnel, cette personne réalisait à quel point elle se mettait de la pression dans tout ce qu’elle faisait. À quel point, elle était exigeante envers elle-même, bien sûr avec les autres, et ce sans que qui que ce soit ne lui demande. Maux de tête, de dos, difficulté à digérer, et dans ses moments les plus stressant, un nœud, une boule dans l’abdomen. Elle avait toujours peur de ce que les autres pouvaient penser d’elle et vivait beaucoup d’anxiété à imaginer toutes les éventualités possibles afin de contrôler les situations et éviter cette peur d’être critiquée. Elle venait d’une famille où l’un des parents était rarement satisfait. »
Nous nous retrouvons à 7 mois fœtal.
Pour une raison restée inconnue, un conflit éclate entre ses parents. Une histoire où le fœtus perçoit un climat orageux d’insatisfaction.
Elle sent sa mère nerveuse, soumise, dévalorisée qui subit les foudres de son conjoint. Tout le stress émotif vécu par la mère est ressenti par le fœtus, qui le subit au même titre qu’elle. Le nœud au ventre est là. Étant dans un état symbiotique, ce qui arrive à sa mère lui arrive à elle. Une profonde peur de revivre cette colère l’amène à croire, par rapport à ce contexte particulier, qu’elle devra être parfaite pour que son père pense qu’elle est une bonne fille. De cette façon, elle évitera les critiques et sera aimée de son père. Alors, elle répétera la souffrance de ce scénario d’origine dès que son inconscient repèrera des traits de cette figure d’autorité, critique, chez un homme ou une femme, que ce soit dans son milieu personnel ou professionnel.
Je ne vaux rien…
»J’ai souvent une pression à la poitrine, comme si quelque chose m’écrasait, me pesait. Je suis envahie d’une grande tristesse, d’un vide, d’un sentiment de solitude profonde. C’est comme si j’étouffe. Je ne peux pas voir pourquoi j’ai cela. C’est plus fort que ma raison. Je pense toujours que les autres sont mieux que moi. Je ne me sens jamais à la hauteur. Je n’en fais jamais assez. Ceci m’amène à ne pas avoir confiance en moi. »
Nous nous retrouvons pendant l’accouchement.
Sa mère a mal et la douleur l’amène à se centrer sur soi et crée une coupure momentanée d’avec l’enfant. Elle ne se sent pas capable comme si c’est trop pour elle. Elle a hâte que cela finisse et se dit qu’avoir su… Elle est seule à vivre l’accouchement, son conjoint est absent. Elle a besoin de support et de sécurité.
L’enfant est tendu. Il sent se mère en perte de contrôle, paniquée. Il ne sait pas trop ce qui va lui arriver. Il a peur de perdre sa mère, qu’elle meurt. Il veut entrer en lien avec elle, mais elle est coupée de lui. Il ne sent pas sa présence. Il croit qu’elle ne veut plus de lui, qu’elle ne l’aime plus. Cette pensée lui fait vivre une détresse infinie où il sent cette solitude et tristesse profondes, cette pression, cet étouffement.
C’est à cause de moi que ma mère a mal… Il veut l’aider, l’empêcher de souffrir, mais il n’y arrive pas. Devant cette impuissance, il vit l’échec. Je suis bon à rien… Je ne suis pas à la hauteur…
Pour survivre à toute cette expérience afin de récupérer l’amour de sa mère qu’il croit avoir perdu, il prend la décision d’être au-devant de ses besoins, de ne pas lui donner de troubles, de faire tout pour qu’elle ne souffre plus. Finalement, il n’en fera jamais assez parce que ce scénario d’origine restera non résolu dans son inconscient.
C’est de ma faute…
« Je ne comprends pas pourquoi je réagis comme ça. Je me sens toujours coupable et je suis sur la défensive comme si j’avais toujours peur de me faire faire un reproche. Quand j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de pas correct je deviens mal. Ça me serre au ventre, comme si ça me tirait par en dedans. J’ai peur de déplaire, de déranger. Je fais tout pour être fine. »
Nous nous retrouvons, à 6 semaines, in utéro.
Sa mère réalise qu’elle est enceinte. Ce n’est plus un doute maintenant, mais une certitude. Ce n’est pas le bon moment. Elle ne sait pas comment elle va l’annoncer à son mari, parce qu’elle sait qu’il ne sera pas content. Elle craint les reproches, la chicane.
Le petit être sent sa mère désemparée, anxieuse et seule. C’est parce que je suis là que tout cela arrive… Je dérange… C’est de ma faute… Un sentiment de culpabilité s’installe. Je ne suis pas correct… Le serrement au ventre issu de ce stress émotionnel est fort. Elle a de la peine parce qu’elle croit que son père de l’aime pas et a peur d’être rejeté par sa mère.
Elle croit qu’elle a perdu l’amour de ses parents et qu’elle doit absolument le retrouver sinon comment va-t-elle survivre…. Elle met en place une stratégie pour se faire aimer afin d’assurer son existence. Je vais être fine, je vais tout faire pour leur plaire…
Elle vient d’installer son programme. Cette stratégie, adéquate pour la compréhension qu’elle avait de ce moment, ne le sera plus par la suite. Elle traversera le temps. Et l’inconscient, par la répétition d’éléments de ce scénario d’origine, remettra en place toutes ces souffrances pour conduire à une réparation.