Célibat, mon amour! Mais peut-être pas si insensé qu’il parait l’être… Car en réalité, pour plusieurs personnes, le célibat joue un rôle de protection contre le rejet et/ou l’abandon.
Entendons-nous sur la notion de célibat. Celui dont il est question ici ne fait pas appel à une période transitoire après une rupture. Il fait plutôt référence à de multiples tentatives de relations ou d’évitement de relations, et pour lesquelles se pointe toujours un MAIS…
Un mais qui nous amène à scruter les moindres détails plus ou moins importants et qui deviennent tout à coup primordiaux. Un mais qui s’amuse à semer le doute en faisant apparaître plein d’interrogations sur soi ou sur l’autre, afin de tuer dans l’œuf tout sentiment qui pourrait poindre. Un mais qui soulage à l’idée qu’il n’y ait pas de suite malgré (et même surtout) qu’il y avait des affinités affectives. Un mais qui permet de ne pas s’aventurer émotionnellement parce qu’il reste encore un goût amer de la dernière rupture, même si cela fait quelques années. Un mais qui garde camouflé notre vulnérabilité. Un mais qui permet de rester la tête hors de l’eau malgré le poids des perceptions dévalorisantes de soi, et qui plus est, que l’on croit que l’autre va nous confirmer. Un mais qui remet à plus tard, plus tard, plus tard.
Tous ces mais, et plus encore, existent pour une seule chose. Nous protéger. Ils nous préservent du rejet ou de l’abandon que l’on croit inévitable et qui prend encore plus de force par les échecs des relations précédentes. Ces mais se nourrissent des parties de soi que nous sous estimons et en qui nous n’avons pas confiance.
Le célibat pour certains attisent et pour d’autres apaisent le tiraillement entre le cœur et la raison. Une partie de moi veut être aimée et une autre ne veut pas prendre le risque de se faire rejeter ou abandonner une fois de plus. Le désir d’être en relation amoureuse mène une lutte sans fin contre les peurs, qui bien souvent prennent forme dans l’inconscient.
Alors pour toutes ces raisons, le célibat devient une protection. Il permet de contrôler à un niveau qui nous est acceptable et confortable notre degré d’implication affective. D’éviter de reproduire les mêmes comportements qui finissent par nous donner l’impression de perdre sa liberté, de ne plus exister à nos propres yeux. De retarder que l’autre découvre ce que nous craignons que nous sommes.
Tout cela nous permet de se sécuriser dans la rencontre avec l’autre qui est aussi, vu de l’intérieur, une rencontre avec soi. Le célibat permet de flirter avec des possibilités de relations amoureuses et nous faire croire que nous avons tout fait pour que cela fonctionne. Il crée des systèmes de compensation affectives en misant sur des valeurs sures tel que le travail. Nous devenons amoureux de notre travail et celui-ci nous le rend par des sentiments d’accomplissement, de valorisation, de reconnaissance et l’expression de tout notre potentiel créatif pour la conquête de nouveaux clients, des échelons dans l’entreprise, de défis personnels, de l’appréciation du patron.
Pour mettre fin à ce type de célibat, il faut mettre fin à l’association amour-rejet (abandon).